La pilule anti-covid de Pfizer, le Paxlovid, et tout ce qu’il faut savoir sur elle

Le 11/02/2022

Le jeudi 27 janvier, l’Agence européenne du médicament a annoncé avoir autorisé la pilule contre le Covid-19 du laboratoire Pfizer, commercialisée sous le nom “Paxlovid”. Ce qui ouvre la voie à la commercialisation dans l’Union européenne de ce premier antiviral oral qui va venir compléter l’arsenal de la lutte contre le virus.

Il s’agit d’une pilule destinée aux personnes déjà contaminées par le Covid et qui pourrait changer la donne en Europe face à l’épidémie. Ce traitement a le potentiel de faire une réelle différence pour les personnes à haut risque de progression vers une forme sévère.

Qu’est-ce que Paxlovid ?

          Le Paxlovid est un comprimé qui est administré par voie orale. En l’espèce, ce sont trois comprimés qui se prennent séparément : une nouvelle molécule, PF-07321332, présentée sous la forme de deux comprimés, et un troisième de ritonavir, un antiviral contre le virus responsable du Sida.

L’idée est de les prescrire le plus tôt possible après le diagnostic de positivité au Covid (dans l’idéal dans les trois premiers jours après l’apparition des symptômes et au maximum cinq jours après) et de les prendre ensuite pendant cinq jours, à raison de deux prises quotidiennes.

À la différence du vaccin qui agit en préventif et pousse le corps à se défendre contre une future infection, en tant qu’antiviral, son objectif est de cibler directement le virus chez une personne infectée. Il cherche ainsi à diminuer la capacité du coronavirus à se répliquer au sein d’un organisme qu’il a contaminé, et cela en s’attaquant à l’enzyme nécessaire à la réplication virale, ce qui a pour conséquence de freiner le développement de la maladie.

Il s’agit d’un traitement particulièrement simple pour le patient puisqu’il peut être pris à domicile, avec un verre d’eau, sur simple prescription d’un médecin généraliste. En ce sens, il s’agit d’une arme potentiellement très efficace pour lutter contre la pandémie. Et elle pourrait être rejointe par le Molnupiravir, l’équivalent, mais produit cette fois par les Américains de Merck.

Quelle efficacité pour le traitement ?

          Pour autoriser le traitement de Pfizer, les experts européens ont notamment utilisé une étude ayant donné d’excellents résultats en termes de réduction des hospitalisations et des décès. Ainsi, sur les 1.039 personnes ayant reçu le traitement, seules 0,8% ont eu besoin d’être hospitalisées. Et aucune n’est décédée.

En moyenne, l’étude Pfizer conclut à une réduction de 85% des risques d’hospitalisation. Les bénéfices du médicament sont supérieurs à ses risques pour l’utilisation approuvée, d’autant que le traitement est aussi efficace contre les différents variants, et donc contre Omicron, d’après l’entreprise.

Néanmoins, comme l’ont fait remarquer de nombreux chercheurs et médecins, les données de cet essai clinique n’ont pas encore été rendues publiques et il est donc encore impossible de les analyser dans le détail. Cela étant, les premiers résultats communiqués en Israël, où le traitement est déjà utilisé, confirment et excèdent même ceux de l’essai de Pfizer, avec une amélioration rapide chez 92% des patients traités avec le Paxlovid.

Pour qui et pour quand ?

          À l’heure actuelle, le Paxlovid n’est pas destiné à tout le monde. Dans son avis, l’Agence européenne du médicament a ainsi recommandé de l’utiliser pour traiter le Covid “chez les adultes qui n’ont pas besoin d’oxygène supplémentaire et qui présentent un risque accru que la maladie devienne grave”.

Au total, le ministère de la Santé a annoncé que 500.000 doses avaient été commandées pour 2022, dont une partie est déjà arrivée. Depuis le 27 janvier et la prise d’un arrêté par le ministre de la Santé Olivier Véran, il est donc possible pour les généralistes de le prescrire.

Ainsi, il est prévu que le traitement soit privilégié, au début en tout cas, pour soigner les personnes très âgées, immunodéprimées, atteintes de maladies rares, et pour les plus de 65 ans s’ils présentent des facteurs de risque de développer des formes graves (diabète, obésité, insuffisance cardiaque, hypertension artérielle, insuffisance respiratoire…). Et à chaque fois en complément de la vaccination, et non pas en substitut à celle-ci (même si les personnes les plus vulnérables non vaccinées pourront être traitées ainsi).

Quels effets secondaires ?

          La Haute autorité de santé prévient d’emblée : il y a plusieurs cas où le traitement de Pfizer est déconseillé. La Haute autorité déconseille par exemple aux personnes avec une insuffisance hépatique ou rénale sévère de prendre la pilule. Dans le cas d’insuffisances modérées, le traitement peut être adapté et dosé différemment.

De plus, l’instance prévient que des interactions médicamenteuses sont à craindre pour des personnes prenant déjà un autre traitement en parallèle. À cet égard, pour les traitements qui peuvent être suspendus ou adaptés le temps de la prise du Paxlovid, la HAS conseille de les suspendre ou de les adapter pour permettre la prise de la pilule. Et dans le cas inverse, elle précise que le traitement anti-Covid est contre-indiqué.

Dans ces cas précis, c’est au médecin suivant la personne infectée par le Covid de trancher, et la HAS a demandé aux autorités sanitaires de mettre en place dès que possible un guide pratique recensant les différents cas de figure à destination des médecins. Dans tous les cas de contre-indication, les autorités sanitaires recommandent d’utiliser à la place un traitement d’anticorps monoclonaux.

Il est à noter qu’au cours de l’étude de Pfizer, 1,7% des patients ayant reçu le traitement ont connu des effets secondaires graves et ont dû arrêter la prise du traitement. De manière plus générale, différents effets secondaires modérés ont été relevés durant les essais cliniques, notamment des dysgueusies (comprendre l’altération du goût), des diarrhées, des maux de tête, des nausées, des vomissements, des éruptions cutanées et des irritations de la gorge.